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Eurythmie symphonique
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26102021

Eurythmie symphonique
« Quand un substantif s’est détaché, son objet, insaisissable comme la vie courante, déborde » Rosemarie Waldrop
« La vie est un état pathologique de la matière » Aurélien Barrau
« La vie est un état pathologique de la matière » Aurélien Barrau
Dans la brume du silence à l’orée de la vie, à la faveur d’un arc-en-ciel lumineux, de frémissants souvenirs oubliés de longue date reviennent on ne sait d’où et me disent des choses de la vie ; petite histoire simple au parfum éternel que ma mémoire feuillète avec étonnement et grand plaisir, presque un hymne à la joie !
Je me remémore.
Langue de terre découpée, ancrée face à l’ouest, là où l’océan vient se désensabler, là, d’où émerge un miroir édenté frappé au plomb zénithal. Île parcourue de fragrances fleuries, ceintes d’éclats bucoliques à l’ample infini contadin, elle s’ancre au nord de l’Armor.
Brèches de granit rose noircies par les flux et reflux, déchirées par le noroît linéal et fractal, elles s’effilochent en ce bout de terre à tout jamais cimetière marin. Et j’aperçois tourbillonnants des linceuls de goélands assidus, venus bousculer nos certitudes au clair des vastitudes nues, de magnifiques et éternelles complaintes heureuses. Je dépose un ex-voto en ce lieu de déconfinement pour déconfliction intérieure.
Ô terre de Bretagne, terre de légendes et de beauté, ici, l’homme imite l’oiseau et y marche de guingois pour mieux se redresser et prendre de la hauteur.
Cependant les peurs le tenaillent. Éléments muets et indomptables ; silences bruissant d’inquiétudes ; horizon hors de portée de mains ; bout de terre inaccessible ; tous ces gémissements bien vivaces et cette immuable splendeur insolente. Pas de fard, pas de rides, un corps toujours parfait, des courbes à faire pâlir les designers, toutes, signent un paysage d’exception et Dieu, face au ressac bouillonnant, inspirant, libre de mouvement, peut-il rester tout à fait humble ?
L’homme, cet étranger singulier tente ici vainement d’épouser ce corps, qui sans grandiloquence exulte. Et je vois l’un d’entre eux se pencher au-dessus sans hâte et avec douceur, la tête dodelinant comme un enfant. Et sa main pousse tendrement l’archet du violon. Alors s’élève un murmure puissant et saisissant, une monodie transcendantale au cœur de la pointe de l’Arcouest venue ennoblir les larmes de l’océan ici, à Bréhat.
Je songe à Nolwenn, une amie de marin, à la chevelure neptunienne, qui était mon guide. Exquise visite où souvent le silence était notre conversation. Les mots sont revenus, sibyllins, seulement au départ vers le continent, immobiles que nous étions, dos à l’archipel, en bout de jetée de Port Clos. Des mots comme un appel à un retour. C’est désormais chose faite, l’escale a pris fin. Le travelling scénographique de Nolwenn a refait surface, pointillisme éclatant, surgi dans le silence nocturne inopinément et mis en lumière par un photométeore ! La vie nous réserve bien des surprises parfois, comme ce petit moment de virtuosité baignée de grâce. Ce soir, le sommeil m’envahit indolemment et déjà les rêves m’entrainent sur des chemins de plénitude avec pour cap, l’aurore.
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