Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe de Deborah Heissler

**Seawulf** Messages : 133 Date d'inscription : 20/03/2021

Seishiga (extrait)

Montagne

Tendres mouvements aux limites de la terre ou du tableau, où chercher la lumière entre les ramures du bois, où changent les couleurs, comme si l’on tenait une lampe derrière les nuages. Ces saules et peupliers blancs, lignes fuyantes et courbes du paysage flouté, dans mon esprit. Tout est encore dans les vapeurs du songe. Et c’est déjà une impression de foule, d’essaim, de bourdonnement, quelque chose qui tremblerait comme se découvrirait quelque chose d’intime. Un coin de balcon où les feuilles des roses s’entasseraient, dans un jeu d’ombre et de lumière.

J’observe

De loin un tremble dont pas une feuille n’est immobile.

La vérité doit être inverse, le ciel semble plus haut, l’heure parfaitement immobile. Sous les branches mouillées après un long silence, le léger bruit de l’eau à peine troublée, un frisson, d’eau qui déborde, avec l’odeur des feuilles. Étrange également, cette illusion qu’on a d’un incendie qui s’allume et qui n’est autre que le reflet d’enseignes lumineuses frappant depuis la rue le vitrage de la fenêtre. Il suffit d’avancer un peu pour se voir précédé comme par quelqu’un, quelqu’un d’autre que soi-même par un effet toujours du reflet dans le vitrage.

Étonnement inquiet par ailleurs de n’être pas pressé - absolument pas - on rompt la cadence d’un pas tranquille. (…)

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