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L'intérieur du monde de Jean-Pierre Lemaire
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22042023
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L'intérieur du monde de Jean-Pierre Lemaire
Extraits
Simple mortel
Relais
Je reste avec toi sous l'étang glacé,
nu comme les morts, le temps que Dieu voudra,
dont je perds le compte jusqu'à l'angélus.
Nous ne parlons pas plus que durant ta vie
comme c'est l'habitude entre père et fils
mais endurons des souffrances jumelles :
ce que tu as subi sans un mot, je le sais.
Je regagnerai la rive à bout de forces
et je reprendrai mes habits sous l'arbre
où l'aube commence à dessiner les branches.
Toi, tu monteras d'un trait au Paradis.
Les bras ouverts
Le jour et la nuit
Les murs ont repoussé au soleil levant,
peints en rose, en jaune, en vert pâle
et les palmes s'ébrouent comme des cigognes
avec, il le sait, la mémoire des clans,
les querelles de clochers.
Pierre se souvient de la nuit précédente
en prison, quand la chaine autour de sa cheville
est tombée. Il tirait sur sa jambe
affranchie du poids, la porte du cachot
s'est ouverte, il était dans la cour,
passait la poterne donnant sur la ville.
Il a marché longtemps dans les rues soyeuses,
un ange à ses côtés. Ils auraient pu entrer
dans toutes les maisons, réveiller les gens,
demander du pain, du poisson, des fruits.
L'ange a disparu. Même pour une aumône
sur la voie publique, on serait mal reçu
ce matin, pense-t-il. N'était-ce qu'un rêve?
Mais il est dehors. Dans son cœur nocturne
quelque chose brille et tinte parfois :
les clefs d'or de la ville
qu'il a sous les yeux, qui descend du ciel,
fille du jour et des étoiles.
Simple mortel
Relais
Je reste avec toi sous l'étang glacé,
nu comme les morts, le temps que Dieu voudra,
dont je perds le compte jusqu'à l'angélus.
Nous ne parlons pas plus que durant ta vie
comme c'est l'habitude entre père et fils
mais endurons des souffrances jumelles :
ce que tu as subi sans un mot, je le sais.
Je regagnerai la rive à bout de forces
et je reprendrai mes habits sous l'arbre
où l'aube commence à dessiner les branches.
Toi, tu monteras d'un trait au Paradis.
Les bras ouverts
Le jour et la nuit
Les murs ont repoussé au soleil levant,
peints en rose, en jaune, en vert pâle
et les palmes s'ébrouent comme des cigognes
avec, il le sait, la mémoire des clans,
les querelles de clochers.
Pierre se souvient de la nuit précédente
en prison, quand la chaine autour de sa cheville
est tombée. Il tirait sur sa jambe
affranchie du poids, la porte du cachot
s'est ouverte, il était dans la cour,
passait la poterne donnant sur la ville.
Il a marché longtemps dans les rues soyeuses,
un ange à ses côtés. Ils auraient pu entrer
dans toutes les maisons, réveiller les gens,
demander du pain, du poisson, des fruits.
L'ange a disparu. Même pour une aumône
sur la voie publique, on serait mal reçu
ce matin, pense-t-il. N'était-ce qu'un rêve?
Mais il est dehors. Dans son cœur nocturne
quelque chose brille et tinte parfois :
les clefs d'or de la ville
qu'il a sous les yeux, qui descend du ciel,
fille du jour et des étoiles.
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