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La Mariensäule (Germany - Cold War)
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29062021
La Mariensäule (Germany - Cold War)
« Bien aimée qui ne vient pas en plein jour
Ne viendra jamais après minuit » Orhan Veli
Dans les halos de brumes crépusculaires
la rosée polyphonique bruisse d’alacrité
sur les hauteurs de Feyen.
Déjà, mon corps ne m’appartient plus
et mes yeux aveugles et fiévreux
ignorent le ruban d’acier, la Moselle
tout autant que la Porta Nigra
ou la Palastaula romaine, ombres lunaires.
Seul un bleu profond, monochrome
habille Trèves d’un ciel à la transparence solide
anthropométrie murale franchissable
sorte d’au-delà, à la cosmogonie éphémère.
Et mes pas invisibles me guident
vers l’alcôve innommée aux yeux satinés
où je vais me perdre dans une autre vie
monde à part, en plein cœur de l’existant !
Corps à cœur détricoté, dévêtu de tout
sauf de l’envie effrénée d’aimer follement
un ange-démon aux mains tentacules
vampire des sens à la quiétude enjuponnée.
Ni carnassière, ni dévoreuse
Elle s’aime, elle s’offre, elle aime !
Corps diaphane cicatrisé à l’amour.
C’est comme un rendez-vous inattendu
une rencontre improbable et énigmatique !
« Etrangers », drapés dans une toile d’araignée
aux fils ténus tissés d’or et d’argent
balbutiants des mots de couleurs vives
tintinnabulants au souffle encré d’Ouranos
électrisant la porte de l’inconnue.
Et par la fenêtre j’entrevoie au loin
entre les lames du store, la statue de Mariensäule
stoïque, figée dans un étonnement biblique.
Humer le sol ! la matière, avoir froid…
voilà ce à quoi j’aspire profondément
lorsque je meurs dans la nuit iridescente
lorsque je ressuscite à l’aube des cauchemars
recouvert d’un voile lactescent
épousant un visage de cire
éloigné de nos corps intranquilles.
Au dehors, je crois deviner tout à l’horizon
qu’une larme de pierre coule lentement
et qu’un ventre emmuré marque un léger spasme.
Silence marin au plat de terre
verbalisation mise entre parenthèse
l’indicible suinte. Et je vais étreindre mon rêve.
Désenlacée, ma muse au visage d’immaculée
dénudée de nudité sans impudeur aucune
Joconde au regard enfiévré !
Lorsque les yeux décryptent le vécu
de leurs yeux vus
et qu’il ne reste rien
qu’un immense soleil de feu
venu consumer quelques rêves inachevés
alors, il nous faut mettre les lunettes noires
et arborer notre plus beau sourire.
La vie n’a d’autre souci
que celui d’exister
et la mort n’a d’autre préoccupation
que celle d’effacer
entre l’un et l’une, demeure l’ombre.
Il est minuit une, aujourd’hui s’écrira après demain
et je m'apaise encordé à une harpe étoilée,
ce soir, Du bist die Liebe meines Lebens ! (Tu es l’amour de ma vie)
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