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Lore, mon grain de folie (Germany-Cold War)
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17052021
Lore, mon grain de folie (Germany-Cold War)
« J’aime les heures sombres de mon être,
où s’approfondissent mes sens » R.-M. Rilke*
Je viens me perdre dans tes vastitudes
Créatives et inattendues, toi
Drapée d’une blouse blanche entrouverte
Laissant transpirer ton corps nu
Éraflé de couleurs aux pinceaux
Aveugles sous le néon éclatant de blanc.
Chevelure noire coupée à la garconne
Yeux émeraude teintés d’or
Tu te courbes vers la toile de lin
Au sol, clarté impudique
Allongée tu t’enroules sauvagement,
Et tout pigmenté de couleurs primaires
Ton corps d’albâtre
Dessine des abstractions
Instinctives et distordues,
Au rouge carminé de tes lèvres
Au bleu outre-mer de tes seins
A l’effloraison terre de sienne
De l’abricot presque glabre.
Minuit, atelier à Traben-Trarbach
Cité Art Nouveau baignée par la Moselle
La nuit quelquefois tu y plonges
Miroir lunaire aux ombres vinicoles
Tes formes se saoulent d’air mouillé
Tu veux faire l’amour
Me dis des mots essentiels
Avant que de se perdre
Dans les ombres des toits
Observer le monde grouillant
Les lumières instables
Les gyrophares de la Polizei
Et chichonner avec tes amis.
Tu chantes Joan Baez
Here’s To You
Hymne de jeunesse
Contre l’injustice et pour la vie
En pleine guerre froide
Et tes yeux s’étoilent au firmament
Quand t’écoutes Samba Pa Ti de Santana
Avant de t’assoupir sur mon épaule.
Odeur âcre et sucrée
Filet d’air frais
Quatre heures, on rejoint
La longue toile granuleuse groggy au sol,
Tu mets du rouge vermillon
Sur tes pieds, imite un rat d’opéra,
Toupille furieusement dessus
Et tombes de fatigue. Tu ne crois pas en Dieu,
Tu veux faire cesser la guerre du Vietnam
Tu mets un 33 tours, hymne américain
Décibels déchirants de Jimmy Hendrix
Sur guitare sèche agonisante,
Tu m’offres ton tee-shirt rose
Faites l’amour pas la guerre
On ne se promet rien
On inonde le monde d’idées
Saugrenues et colorées
Comme nos fringues hippie-chic !
On court dans le combi Volkswagen,
Tu glisses une cassette dans l’autoradio
« Voulez-vous coucher avec moi »
En dodelinant de la tête
Ton regard s’évanouit et sourit
« Et leurs yeux se fermaient comme des roses,
et les nuits de l’amour emplissaient leurs cheveux* »
Ai-je murmuré à ton oreille.
Nous ne faisons plus qu’un jusqu’au petit matin
Et tout enrobés d’or crépusculaire
Tu me dis, passe quand tu veux
Avec ton accent inimitable et si plaisant.
Tschüss !
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