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Tu flânais à contre-jour...
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15042022

Tu flânais à contre-jour...
« Je ne demeure pas. Je loge à la nuit » Verlaine cité par P. Louÿs
Tu flânais à contre-jour les pieds dans l’eau, enserrant en tes plis les perles de rosée qui goutte à goutte au bas de ta robe bordeaux, s’égrenaient à chacun de tes pas imprimés, en grains de sable doux sur la longue grève.
Je vois tes cheveux flotter au noroit, étendard de grâce palpitant, qui tournoie, tout de verve. Soleil éparpillé, rayonne ton visage si clair de fard et ces yeux à l’iris teinté, si tendres, caressent quelques nuages bas, étoffes d’opale aux lignes fluides. Elles s’échappent de carré blanc en carré bleu, ô princesse, ne vois-tu pas le vieux chêne enfin renouer avec les ancêtres !
Tu croises madame l’abbesse sortie de prime, houppelande noire, ceinte d’ailleurs, qui s’entrouvre vers l’au-delà ! Une bougie scintille et s’exprime tout hésitante, chancelante, elle se découvre. Halo sombre s’en va doucement donner la lumière et insensiblement s’efface entre les dolines enchevêtrées.
Que restera-t-il de cet invisible qui se meurt ? Une offrande, peut-être moins. Saurons-nous y lire la piété et à la manière d’un enfant, chanterons-nous la bonté du cœur !
La mémoire file vers le large, poussée par des vents froids. Tenterons-nous de saisir l’insondable et venir y cueillir l’heur, paumes ouvertes, comme un léger filet d’eau tintinnabule ?
Mes pas se dérobent, le sol devient altérable, mes yeux s’embuent et le regard se trouble. À quelle destinée me conduirais-je, moi l’insatiable en quête de lieux prégnants. Je me dédouble, j’opine du chef, comme pour acquiescer par avance que le chemin sera celui-là, en dépit de mes doutes.
Ô landes de bruyères, je cheminerai là-bas, vers l’anse où s’esclaffent les bruits de l’océan, et j’en appellerai à la redoute, plantée au sein de frissons tumultueux, qui s’échinent, se déchirent comme une lingerie fine s’expose, recouvrant les brisants de parements d’éclats endiamantés d’émeraudes.
Et j’inspire, et j’expire et je m’enivre, avant de me laisser absorber par les courants aux cris des goélands.
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