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Prose pour l'étrangère et Carnets de grand chemin de Julien Cracq

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04012022

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Extraits

Prose pour l’étrangère

J'ai respiré ton air acide, je suis entré dans ta saison hasardeuse comme un voyageur qui reconnaît les routes à l'heure imprudente où tout craque encore dans la montagne d'avril tigrée de jacinthes et d'avalanches. Tu m'as giflé de ton printemps sans tiédeur, tu m'as ameubli de ton sourire enfondu de perce-neige, tu traverses ma prévoyance comme la fleur désastreuse épanouie aux doigts mêmes des saints de glace. J'aime ton visage qui brouille les repères du cœur et les saisons de la tendresse — ton visage en désarroi, plus frais, plus emmêlé, plus trouble que les chantiers bousculés du dégel, pareil à la mue du ciel de juin et à l'alpage qui boit sa neige — ton front buté de voleuse de cerises, et ta bouche court bridée de jeune épouse — ton rire qui secoue toute la neige des jardins de mai, et ta voix sombrée de parterre nocturne — et, comme un creux d'eau de glacier au bord d'une joue de prairie neuve, le bleu durci de tes yeux de pensionnaire qui saute le mur du couvent.

Carnets de grand chemin

(…) Non plus le noyer grêle aux feuilles claires, mais le châtaignier vert sombre, piqué de rosettes d’un vert plus jaune, dont l’ombrage est si lourd, et le massif de feuillage si compact. Et, de toutes parts, gardés par ces hautes tours vertes, s’étalent non plus les chaumes secs et les éteules roussies du Poitou, mais de profonds étangs d’herbe, enclos entre les berges des haies, chambres de verdure secrètes qui s’imbriquent et s’entr’ouvrent indéfiniment l’une sur l’autre, pelucheuses, moelleuses, encourtinées, et d’où l’haleine des plantes confinées déferle sur la route aussi intime et entêtante que la touffeur d’une alcôve. Ce n’est pas la forêt, clairement délimitée, avec l’aplomb de sa muraille nette et l’avalement brutal, en coup de vent, de la route par sa haute tranchée noire – ce n’est pas le bocage aux haies de ronciers plus épaisses et plus maigres – c’est un enfièvrement congestif du monde des plantes, qui monte, gonfle et s’amasse peu à peu des deux côtés de la route comme un orage vert. Les branches s’avancent au-dessus de la chaussée et y dégorgent lentement, goutte à goutte, l’eau lourde de la dernière averse : au-dessous d’elles, le long des bas-côtés où s’épaissit l’herbe vorace, les paravents des haies ferment toute issue au regard ; le bourrelet tremblant des fougères vient onduler jusqu’à l’asphalte. (…)
Seawulf
Seawulf

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