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Réminiscences de Paul
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29042021
Réminiscences de Paul
« La pensée demeurait une divine amie
quand la nuit oubliait de rassurer mon âme » Lydie Dattas
Ambiance feutrée et fade. Lumière tamisée endolorie. Assis dans son fauteuil, face à la fenêtre argentée de stries lumineuses, Paul songe sans éclats, au noir jaculatoire des nuits blanches. Il songe à sa vie, ses amours, ses jobs, ses itinérances. Il revoit des bribes incarnées. Des parcours avec des rires et des chagrins. Des joies et des projets, des naissances et des décès, de proches, d’amis, de connaissances. Le brouillon brouillé d’une existence entravée. Il s’étire sur le magma volcanique de l’érudition créative. Le mâchefer renferme des vœux et des illusions perdues le long du chemin. La boussole, n’est plus très fiable. Paul revoit les coquelicots, taches rouge, sang parsemé, inodorant comme une invite à la vivisection d’une vie.
Comme cette femme incomprise et nue déshabillée de nuit, qui lui demandait tant de vigueur qu’elle en oublia jusqu’à son visage. Perdue dans des ondes inconnues, elle peuple ses rêves de sueurs froides. Sa bouche déchirée semblait quémander plus et moins à la fois. Elle était leurs corps alanguies à la plastique sulfureuse, un cauchemar d’amour, un rêve inachevé... Une résurrection impossible !
Elle n’est jamais loin de lui dans sa proximité quotidienne et espiègle ? Il rêve à une répétition de Summer of love, de Woodstock et à cette envie de rencontrer l’autre sans tabous, sans préjugés. De l’utopie sans doute, de l’amour, du rock folk et de la liberté, assurément. Il y voit une forme d’accomplissement et pas uniquement épicurienne. Faire tomber la verticalité relationnelle, un petit peu. Juste ce qu’il faut pour ébranler irrémédiablement cet échafaudage culturel d’un autre temps ! Paul récite sans emphase quelques vers faisandés à la sauce Beat Generation, avec un sourire polisson : « Vie sans fin » de Lawrence Ferlinghetti, * :
« Sans fin la vie resplendissante du monde
sans fin son vivre adorable et ravissant son respir
ses ravissants êtres sensibles
voir entendre sentir penser
rire et danser soupirer pleurer
dans des après-midis sans fin
jusqu'aux nuits interminables (...)
sans fin son vivre adorable et ravissant son respir
ses ravissants êtres sensibles
voir entendre sentir penser
rire et danser soupirer pleurer
dans des après-midis sans fin
jusqu'aux nuits interminables (...)
Paul sourit de façon festive. Un autre temps, l’œil pétille. Oui les hommes et les femmes sont faits pour se rencontrer, s’aimer, se mesurer autrement que par la force. Ils sont nés pour construire ensemble un monde plus beau, plus propre, plus stable, moins violent. Mais voilà, cela reste depuis plus de deux mille ans, une bataille plus longue que la guerre de cent ans, un vœu que très partiellement exaucé et qui reste fragile. Dans sa vieille bibliothèque, où le conditionnel s’entre dévore, où le doute résiste, il se rappelle Socrate, Platon, Lucrèce. Tous de bons conseils. Salomon également. Et puis bien sûr, Marc Aurèle. Ce ne sont pas les seuls, mais enfin ils comptent. Et puis il dit, « La poésie est partout » *. Il déclame les vers, comme l’on goûte un Chablis.
« La poésie est le cri que l’on pousserait en s’éveillant dans une forêt obscure au milieu du chemin de notre vie.
La poésie est le soleil qui ruisselle à travers les mailles du matin.
La poésie, ce sont des nuits blanches et des bouches de désir.
La poésie est l’argot des anges et des démons.
La poésie est un canapé où s’entassent des chanteurs aveugles qui ont posé leurs cannes blanches.
La poésie est le dérèglement des sens qui produit du sens.
La poésie est la voix de la quatrième personne du singulier (...)
La poésie est le soleil qui ruisselle à travers les mailles du matin.
La poésie, ce sont des nuits blanches et des bouches de désir.
La poésie est l’argot des anges et des démons.
La poésie est un canapé où s’entassent des chanteurs aveugles qui ont posé leurs cannes blanches.
La poésie est le dérèglement des sens qui produit du sens.
La poésie est la voix de la quatrième personne du singulier (...)
Paul pense aux femmes qui hier, brûlaient leur soutien-gorge, pionnières des « No Bra » d’aujourd’hui. Ne desserrent-elles pas leur poitrine pour une grande bouffée d’air, qu’elles vont chercher à pleins poumons, comme un cadeau de la vie. Il aime les seins libres et fiers sous le tissu fragile et indompté. La suggestion, toujours éclatante et régénérante d’un pouvoir suggestif intemporel. Voilà l’éros se dit-il !
Il prit un stylo et coucha sur un bout de vélin quelques mots, qu’il nomma Rondeur des mains, avec pour incipit “ les mains, un doigté saisissable ! ”
Rondeur des mains caresse tes seins
Etoiles nues vibrantes aux cieux
Je suis l’archange
Souffleur de mots, couleurs baisers,
Inflorescence constellée d’ombelles !
Rondeur des mains s’enlise en toi
Marais de nacre, j’écris nos corps, odeur de notes,
Une sonate « tu dis encore », je suis d’accord,
Rondeur des mains berce tes yeux d’aurore.
Mer émeraude, bouée de secours, je me noie,
Lis des poésies, tangue d’éphémère lancinant.
Rondeur des mains, embrasement languide
Partition de vie en longue éternité câline,
Douce fractale aux vagues celtiques,
Danse et godille en corps à cœur.
Je nous aime !
Etoiles nues vibrantes aux cieux
Je suis l’archange
Souffleur de mots, couleurs baisers,
Inflorescence constellée d’ombelles !
Rondeur des mains s’enlise en toi
Marais de nacre, j’écris nos corps, odeur de notes,
Une sonate « tu dis encore », je suis d’accord,
Rondeur des mains berce tes yeux d’aurore.
Mer émeraude, bouée de secours, je me noie,
Lis des poésies, tangue d’éphémère lancinant.
Rondeur des mains, embrasement languide
Partition de vie en longue éternité câline,
Douce fractale aux vagues celtiques,
Danse et godille en corps à cœur.
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