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La proximité de la mer de Jorges Luis Borges
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07032023
La proximité de la mer de Jorges Luis Borges
Extraits
21 / Emerson
Ce grand monsieur des terres américaines
Ferme le tome de Montaigne et sort
En quête d'un plaisir tout aussi fort:
L'après-midi qui exalte la plaine.
Vers le couchant profond et qui décline,
Vers les confins que dore le couchant,
Il traverse les champs comme à présent
La mémoire de l'auteur de ces lignes.
Il pense : j'ai lu les livres essentiels
Et j'en ai écrit d'autres que l'oubli
N'effacera pas. Un dieu m'a permis
De savoir ce que savent les mortels.
Par tout le continent, c'est moi qu'on nomme.
Ai-je vécu ? Je veux être un autre homme.
22 / Camden, 1892
Cette odeur des journaux et du café.
Le dimanche, son ennui. Le matin
Et la page entrevue avec les vains
Poèmes allégoriques publiés
Par ce collègue en vue. Blanchi par l'âge
L'homme est là prostré dans son logement
Décent et pauvre. Avec désœuvrement,
Sur le miroir, il fixe son visage.
Il pense sans surprise que c'est lui
Ce visage. Sa main distraite touche,
En vrac sa barbe et, dévastée, sa bouche.
Sa fin n'est pas très loin. Et sa voix dit :
Je ne suis presque plus, mais mes vers trament
La vie et sa splendeur. Moi, Walt Whitman.
21 / Emerson
Ce grand monsieur des terres américaines
Ferme le tome de Montaigne et sort
En quête d'un plaisir tout aussi fort:
L'après-midi qui exalte la plaine.
Vers le couchant profond et qui décline,
Vers les confins que dore le couchant,
Il traverse les champs comme à présent
La mémoire de l'auteur de ces lignes.
Il pense : j'ai lu les livres essentiels
Et j'en ai écrit d'autres que l'oubli
N'effacera pas. Un dieu m'a permis
De savoir ce que savent les mortels.
Par tout le continent, c'est moi qu'on nomme.
Ai-je vécu ? Je veux être un autre homme.
22 / Camden, 1892
Cette odeur des journaux et du café.
Le dimanche, son ennui. Le matin
Et la page entrevue avec les vains
Poèmes allégoriques publiés
Par ce collègue en vue. Blanchi par l'âge
L'homme est là prostré dans son logement
Décent et pauvre. Avec désœuvrement,
Sur le miroir, il fixe son visage.
Il pense sans surprise que c'est lui
Ce visage. Sa main distraite touche,
En vrac sa barbe et, dévastée, sa bouche.
Sa fin n'est pas très loin. Et sa voix dit :
Je ne suis presque plus, mais mes vers trament
La vie et sa splendeur. Moi, Walt Whitman.
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