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22042021

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« Il est cent fois plus difficile de faire une chose que de la briser » Proverbe afghan


Dans la carrière dynamitée de ta vie d’avant, tu joues une partition bancale. Je t’observe, tu es perdu dans les tourbières brumeuses de ton esprit ratatiné par les affres de l’existence. Sur ma moleskine, je griffonne des mots absents de sens, car toi-même tu les recherches avidement, sevrage imparfait qui te poursuit, collé à tes basques, tu ne peux t’en dessaisir. Tu railles les unes des journaux, tu voudrais rencontrer quelqu’un à qui parler, t’arrêter, te confier, exister. Mais rien de tout cela ne se passe. Badaud parmi les badauds, ta gabardine râpée n’invite pas à l’écoute. Ton sourire ressemble à une grimace. Tes mains sont abimées. Tes yeux fatigués. Tu n’es pas dans la norme sociétale. Un cauchemar. Tu cherches tes souvenirs au fond de ta mémoire par des chemins de traverses, par gros temps, tout trempé de pluie suée, tu avances difficilement par monts et par vaux, sur une ligne de crête entre vie et trépas. Des bribes de lumières éthérées, au cœur des vallées minérales et forestières, traversées par les méandres de l’Amou-Daria, te parviennent. Tu recherches surtout une main secourable, forte d’humanité, capable de te maintenir parmi nous les hommes pour ne pas devenir un animal traqué. Tu luttes. Ton estomac noueux se rappetisse de semaine en semaine, tu ne ressens même plus la douleur, juste une infinie lassitude. Tant de kilomètres, tant de privations, tant de dangers, tant d’esquives, de sommeil à rattraper, de soins à apporter à l’esprit et au corps. Toi l’afghan, qui a appris notre langue à l’université de Kaboul, tu voudrais voir plus de couleurs, ne plus baigner dans un monde « costumé de bleu » aux critères liberticides. Je range ma moleskine. Viens, mon alter ego, je t’ouvre ma porte, au cœur de la Sologne près des bords de Loire, et t’offre la nature comme lieu de repos. La faune et la flore pour contrer la violence des hommes, ici ou d’ailleurs. Et la Loire comme onction cicatricielle. C’est le printemps. Je veux te voir renaitre !
Seawulf
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