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Citations de Christian Bobin
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17052023
Citations de Christian Bobin
La part manquante
(…) « rien n’est trop beau pour mon amant, rien n’est trop doux pour ses mains gantées d’aurore. Qu’il me prenne. Qu’il me froisse et me jette, et même qu’il m’oublie, qu’il me recouvre de son oubli comme au noir de l’amour, j’y dormirai si bien, j’y attendrai toujours. Elle est comme ces femmes qui, avec un nouvel amant, se refont un cœur frais, taché de ciel. Elle ne sait plus ce qu’elle dit. Elle rit. Elle est comme l’oiseau sur la branche. Elle ne dit rien, elle chante. Elle s’envole bien plus loin que son chant. Elle n’est d’aucune saison, d’aucune époque. Ce qui est dans l’air du temps passe avec l’air, passe avec le temps. Elle ne passe pas. Elle est présente à la lecture. Elle demeure en amont des lumières, près des sources du cœur. Elle a l’élégance des âmes errantes. »
Le Très-Bas
« Elle ne s’adresse ni au Très-Haut ni au Très-Bas. Elle s’adresse au Loin-Près. Elle parle à Dieu en lui donnant ce nom que toutes les femmes pourraient donner à leur mari : le loin-près. Ni jamais là, ni jamais ailleurs. Ni vraiment absent, ni vraiment présent. »
« Un homme qui ainsi sort de lui-même, de sa peur, négligeant cette pesanteur du sérieux qui est pesanteur du passé, un tel homme devient comme celui qui ne tient plus en place, qui ne croit plus aux fatalités dictées par le sexe, les hiérarchies imposées par la loi ou la coutume : un enfant ou un saint, dans la proximité riante du Dieu – et des femmes. »
La plus que vive
« Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu’un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l’âme jusqu’au ciel. »
« Les aînés, on les reconnait plus tard à leur trop grand sérieux, et à cet empêchement qu’ils ont à parler d’eux-mêmes : ils ont reçu de plein fouet l’angoisse de parents trop jeunes, la crainte des parents de mal faire. Les aînés, on met sur eux le fardeau de ne jamais décevoir. (…) alors que les derniers, mon dieu les derniers, on ne leur demande rien, qu’ils soient là est miracle, les parents ont vieilli, ils ont compris que les enfants ce n’est pas sorcier, ça pousse à travers nos erreurs. »
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